OBÉLISCAL : Merveilleux. -- Date du transport de l'obélisque de la place
de la Concorde. -- « Admirable! pyramidal! obéliscal! » -- 1845,
Almanach de la Polka.
OBJET : Amante, objet de la flamme amoureuse. -- « Il apprend que le cher
père A cloîtré son objet. » Désaugiers. -- « Quand on aime, on aime tout
de son objet. » -- Balzac.
OCCASE : Occasion. -- « Deux francs cinquante de bénef, profitez de
l'occase. -- A. Second.
OCRÉA : Soulier. Les élèves de l'École de Saint-Cyr font seuls cet
emprunt au grec. -- « Le pauvre Saint Cyrien portant des ocréas. » --
Souvenirs de Saint-Cyr.
OEIL : Crédit. -- Noté comme terme d'argot dans le Dictionnaire du
Cartouche de Grandval, 1827. -- « Je vous offre ]e vin blanc chez
Toitot; -- j'ai l'oeil. » -- Chenu. -- « La mère Bricherie n'entend pas
raillerie à l'article du crédit. Plutôt que de faire deux sous d'oeil,
elle préférerait, etc. » -- P . d'Anglemont. -- « En m'achetant à
l'oeil, ma plus belle marée. » -- Ricard. -- Ouvrir l'oeil: Accorder
du crédit. -- « La fruitière n'a jamais voulu ouvrir d'oeil: elle dit
qu'elle a déjà perdu avec des artistes. » Champfleury. -- Fermer
l'oeil: Ne plus vouloir accorder de crédit. -- Donner dans l'oeil:
Plaire, fasciner. -- « Ma personne avait peine à te donner dans l'oeil.
» -- Le Rapatriage, dix-huitième siècle. -- Avoir de l'oeil, Tirer
l'oeil: Produire de l'effet. -- Terme d'impression. On dit aussi en
parlant d'un tableau à effet qu'il a de l'oeil. -- « La chose a de
l'oeil. C'est léger, mais c'est trop léger. -- A. Scholl. -- « Aux
provinciaux que l'oeil de son ouvrage a attirés chez lui. » -- P. Borel.
-- Faire l'oeil: « le faiseur d'oeil n'a pas de prétention positive.
Il promène sur toutes les femmes son regard de vautour amoureux; il a
toujours l'air d'un Européen lâché au milieu d'un sérail... Pourtant
aucune femme n'est le point de mire de cette fusillade de regards. C'est
au sexe entier qu'il en veut. Il fait l'oeil, et voilà tout. » --
Roqueplan. -- V. Américain . -- Ouvrir l'oeil: Sur veiller
attentivement. -- Se battre l'oeil, la paupière: Se moquer. -- «
Gilles. Ah ! fussiez-vous elle! -- Isabelle. Ton maître s'en bat
l'oeil. » -- le Rapatriage, parade, dix-huitième siècle. -- « Que
Condé soit trompé par le duc d'Anjou, je m'en bats l'oeil ! » -- A.
Dumas. -- Mon oeil! Synonyme de Des fadeurs ! Des navets! V. ces
mots. -- « Quand le démonstrateur expose la formation des bancs de
charbon de terre, mon voisin s'écrie avec un atticisme parfait: Oui !
mon oeil! Au système du soulèvement des montagnes, il répond
triomphalement: « Oui! Garibaldi! » -- E. Villetard. -- Cette
expression est typique. Dès qu'une chose est à la mode au point
d'accaparer toutes les conversations, les Parisiens procèdent eux-mêmes
contre leur engouement, et font de son objet une dénégation railleuse
essentiellement variable. C'est ainsi qu'après les événements d'Italie,
on a dit: Oui! Garibaldi! -- Auparavant, on disait: Oui! les
lanciers! parce que cette danse avait envahi les salons. -- Taper de
l'oeil: « Dormir profondément. » -- Dhautel, 1808. -- « Monsieur,
faites pas tant de bruit, je vais taper de l'oeil. » -- Vidal. 1833. --
« Si nous tapions de l'oeil? Ma foi! j'ai sommeil. » -- L. Gozlan. -- OEUF (Plein comme un) : Soul. -- Casser son oeuf: Faire une fausse
couche.
OGRE : Agent de remplacement. Allusion à leur trafic de chair humaine. -- OIGNON : Montre (Vidocq). -- Allusion de forme. -- Aux petits oignons:
Très-bien. -- On sait combien le peuple aime ce légume. -- On dit par
abréviation: Aux petits oignes! -- V. Aux pommes . -- Il y a de
l'oignon: Il y a du grabuge. -- Allusion aux pleurs que l'oignon fait
verser. « S'prend' debec c'est la mode, Et souvent il y a de l'oignon.
-- Dupeuty.
OISEAUX (AUX) : Très-bien -- Il est meublé aux oiseaux. » -- Balzac. -- «
Pour exprimer qu'un homme est très-bien fait, qu'une femme est très-
belle, on dit qu'ils sont aux oiseaux. » -- l808, Dhautel.
OMBRE (Mettre à l') : Tuer. -- « Ici Vautrin se leva, se mit en garde et
fit le mouvement d'un maître d'armes qui se fend. -- Et à l'ombre!
ajouta-t-il. » -- Balzac.
OMELETTE : Mystification militaire en usage à Saint- Cyr. -- « Voici en
quoi consiste le supplice de l'omelette: Au milieu de votre sommeil
quatre vigoureux anciens saisissent votre lit et le retournent comme une
omelette. » -- R. de la Barre. -- L'omelette de sac consiste à
bouleverser le havre-sac de celui qu'on veut ennuyer.
OMNIBUS : Prostituée, femme se donnant à tous. -- « On y remarque aussi
quelques femmes jeunes encore, pauvres beautés omnibus. » -- La Maison
du Lapin blanc, typ. Appert.
ONCLE : « OU prendras-tu de l'argent? dit elle. -- Chez mon oncle,
répondit Raoul. -- Florine connaissait l'oncle de Raoul. Ce mot
symbolisait l'usure, comme dans la langue populaire ma tante signifie
le prêt sur gage. » -- Balzac.
ORANGE : « La pomme de terre est aussitôt saluée par l'argot d'orange à
cochons. » -- Balzac.
OREILLARD : Âne (Vidocq). -- Allusion d'oreilles.
ORLÉANS : vinaigre (id.). -- Orléans est la patrie du vinaigre.
ORNIE : Poule (id.). -- Du grec ornis. -- Ornichon: Poulet. -- ORPHELIN : Orfèvre (Vidocq). -- Corruption du même mot.
ORTEIL (Chelinguer de l') : Sentir mauvais des pieds.
OUICHE : Oui, pris dans un sens ironique. -- « Croyez vous qu'il viendra
me chercher? -- Ah bien! ouiche! » -- About.
OURS : Homme d'humeur brusque et sauvage.
OUTILS : Instruments de voleur. V. Vague .
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- EXCENTRICITÉS
D'occasion: De mince valeur. -- Allusion. -- On dit: une vertu, un
héros d'occasion. -- « Ces Desgrieux de carton, ces Lucien de Rubempré
d'occasion. » -- Delvau. -- « Maria, qui se case, Au mois, Fait sa tête
d'occase, Parfois. -- Ce couplet, extrait du Prado, de P. d'Anglemont,
1846, peut se traduire ainsi en langue vulgaire: Maria, à laquelle un
amant paie chaque mois son entretien, fait parfois sa tête d'occasion,
c'est-à-dire sans avoir de quoi légitimer cet orgueil.
Tourner, tortiller de l'oeil: Mourir. V. Dhautel, 1808. -- « J'aime
mieux tourner la salade que de tourner de l'oeil. » -- Commerson. -- «
J'voudrais ben m'en aller, dit le pot de terre en râlant. Bonsoir,
voisin, tu peux tortiller de l'oeil. » -- Thuillier, Ch. -- Pas plus
que dans mon oeil. V. Braise . -- Oeil de verre: Lorgnon. -- « Ces
mirliflors aux escarpins vernis, Aux yeux de verre. » -- Festeau. --
Quart d'oeil: Commissaire de police.
Ogre: Usurier. -- Ogresse: Marchande à la toilette (Vidocq). --
Allusion à leur avidité. -- Ogre: « Les chiffonniers donnent ce nom à
celui qui leur achète le produit de leurs recherches nocturnes, en
détail et par hottes, pour les revendre en gros, après un triage
minutieux et intelligent. Ordinairement, on ne devient ogre qu'après
avoir passé par tous les degrés de l'état de chiffonnier. Il fut un
temps, il est vrai, où ce nom était synonyme d'exploiteur et même de
receleur. Dans ce but, l'ogre possédait à côté de son établissement
d'achat de chiffons un débit de liqueurs qu'il faisait gérer par un
affidé ou un compère; il y recevait clandestinement des malfaiteurs qui
apportaient là les produits de leurs rapines. » -- Castillon.
Oiseau: Triste personnage. V. Dhautel. -- « Minute! quel est c't
oiseau-là? » -- Léonard, parodie, 1863. -- Oiseau fatal: Corbeau
(Vidocq). -- On sait que le corbeau est pour le peuple un mauvais
présage.
À l'ombre: En prison. -- Le soleil n'y donne guère. -- « Quand on aura
mis à l'ombre tous les Jean-foutres. » -- 1793, Hébert. -- V. Brûler .
Omnibus de coni: Corbillard (Vidocq). -- Mot à mot: voiture de mort.
-- Omnibus rappelle que tous doivent faire un jour le voyage.
Ornion: Chapon. -- Ornie de balle: Poule d'Inde.
Les Orphelins de muraille sont des factionnaires. V. ce mot. --
L'abandon de leurs auteurs leur a fait donner ce nom. -- Orphelins: «
C'est sous ce nom que l'on veut dire en argot: une bande de voleurs. »
-- A. Durantin .
OS: « Dans la langue populaire parisienne, on appelle os le numéraire.
» -- Mornand. -- « Il faut cependant que je lui donne de l'os. » --
Lynol. -- Pourquoi ne dirait-on pas au figure, de l'os, comme on dit
du nerf, pour désigner aussi l'argent?
Ours: « Ancien compagnon pressier que, dans leur argot typographique,
les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un Ours. Le
mouvement de va-et-vient qui ressemble assez à celui d'un ours en cage,
par lequel les pressiers se portent de l'encrier à la presse, leur a
valu sans doute ce sobriquet. » -- Balzac. -- Richelet et Dhautel ont
donné ce mot.
Ours: Salle de police. -- « Je fus passer deux jours dans un lieu
ténébreux qu'on appelle l'Ours. » -- Souvenirs de Saint-Cyr.
Ours: « Tout le monde se souvient de cette farce désopilante appelée
l'Ours et le Pacha. Le père Brunet représentait le pacha blasé qui
veut qu'on l'amuse; Odry jouait le montreur de bêtes, répétant à tout
propos « Prenez mon ours! » Ces trois mots obtinrent une telle vogue
au théâtre, que les directeurs à l'aspect d un auteur qui tenait un
manuscrit, lui disaient de loin: Vous voulez m'amuser, vous m'apportez
votre ours. -- C'est une pièce charmante faite pour votre théâtre,
répondait l'auteur. -- C'est bien ce que je pensais, prenez mon ours!
-- Depuis ce temps, l'ours est un vaudeville où un mélodrame qui a
vieilli dans les cartons. » -- J. Duflot.
Envoyer à l'ours: Envoyer promener. -- Mot à mot: envoyer voir l'ours
du Jardin des Plantes, où se rendent d'ordinaire beaucoup de flâneurs.
Ourson: Bonnet à poil d'ours. -- « J'allais me coiffer de l'ourson
dévolu aux voltigeurs. » -- L. Reybaud.
Outil de besoin: Mauvais souteneur (Bailly).
Ouvrage: Vol. -- Ouvrier: Voleur (Vidocq).