MAC , MACQUE , MACCHOUX : Maquereau. -- Maca: Maquerelle. -- Macchoux est une corruption du mot maquereau. -- Mac et maca sont deux abréviations. -- Par un hasard singulier, la première de ces abréviations donne la clef même du mot Au moyen âge, le mot maque signifiait: vente, métier de marchand. V. Roquefort. -- De là sont venus maquillon ou maquignon et maquerel ou maquereau. Le maquereau n'est qu'un maquignon de femmes. Pendant tout le moyen âge, on a écrit maquerel ou maqueriau. Ce dix-neuvième siècle a oublié la véritable source du mot qu'il a confondu avec celui du poisson, d'où les synonymes de poisson et de barbillon. -- « Le métier de mac autrefois n'était guère exercé que par des voleurs et des mouchards... maintenant les prêtresses de Vénus Callipyge ont pour amants des jeunes gens de famille. " -- 1837, Vidocq. -- « Le macque est le souteneur des filles de la plus basse classe. Presque toujours c'est un repris de justice. » -- Canler, 1863. -- « Une vieille maca_: Entremetteuse, femme vieillie dans le vice. » -- 1808, Dhautel.
MACHIN : L'homme ou la chose dont on ne peut se rappeler le nom. V.
Chose. -- « M. Mâchin, pardon! je ne me rappelle jamais votre nom. »
-- H. Monnier, 1840. -- Dans la Gabrielle d'E. Aubrier, l'avoué
Chabrière prie sa femme de faire « un machin au fromage.»
Mâchoire: Suranné. « L'on arrivait par la filière d'épithètes qui
suivent: ci-devant, faux toupet, aile de pigeon, perruque, étrusque,
mâchoire, ganache, au dernier degré de la décrépitude, à l'épithète la
plus infamante, académicien et membre de l'Institut. » -- Th. Gautier,
1833, -- « Vieille Mâchoire: Personne sans capacité, ignorant, sot. »
-- 1808, Dhautel. -- V. Ganache .
MAIN CHAUDE (Jouer à la) : Être guillotiné . V. Raccourcir .
MALADE : Prisonnier. -- Maladie: Emprisonnement (Vidocq). V. Hôpital .
Malade du pouce: Fainéant dont la paresse constitue la seule
infirmité. -- Malade du pouce: Avare -- «Il est malade du pouce. Ça
empêche les ronds de glisser. » -- Monselet. -- C'est-à-dire: ses doigts
ne peuvent se résoudre à laisser échapper la moindre monnaie.
MAL BLANCHI : Nègre. -- « Va donc! mal blanchi, avec ta figure de réglisse. » -- Bourget.
MALINGRER : Souffrir (Vidocq). -- Malingre se dit encore pour souffreteux.
MALTOUZE : Contrebande. -- Maltouzier: Contrebandier.
MANCHE DE VESTE : Jambe arquée comme une manche d'habit. -- « Mosieu
Belassis, moi j'ai pas des jambes en manches de veste. » -- Gavarni.
Être manche à: Avoir fait autant de progrès qu'un adversaire. -- Mot à
mot: être manche à manche. Au whist, la manche est une des parties
liées qui compose le robber. -- « Ça nous met manche à manche. A
quand la belle? » -- E. Sue.
MANETTE (Mlle) : Malle (Vidocq). -- Diminutif de manne: malle d'osier.
MANGER , MANGER LE MORCEAU : Dénoncer, avouer. -- « Le morceau tu ne
mangeras de crainte de tomber au plan... -- Paumé tu ne mangeras dans le
taffe du gerbement. » -- Vidocq.
Manger sur: Dénoncer. -- « François a mangé sur vous. » -- Canler.
MANGEUR : Dissipateur. -- Mangeur de galette: Fonctionnaire vénal
(Vidocq). -- Mangeur de blanc: Homme se faisant entretenir par une
femme. V. Dhautel. -- Mangeur de blanche serait plus juste. --
Mangeur de bon Dieu, de messes: Dévôt. -- « Quittez vos tanières,
antiques comtesses, mangeuses de mes ses. » -- Départ de la Cour, Ch.,
1830.
Manière (1re, 2me 3me): Ligne de conduite ou manière de faire son
rapport avec l'âge, les progrès, ou les calculs d'un artiste, d'un
écrivain, d'un intrigant, etc. -- « Faustine en était encore au
désintéressement, sa première manière, ainsi qu'elle disait elle-même,
en empruntant le langage des artistes, » -- dit M. Amédée Achard, dans
ses Petits-Fils de Lovelace, d'une fille qui joue le désintéressement
afin de mieux enlacer ses victimes.
Manières: Air d'importance. -- «Ça fait des manières et ça a dansé
dans les choeurs... » -- Gavarni.
MANNESINGUE , MINZINGUIN : Marchand de vin. -- Mot à mot: homme (mann) vendant à boire (zu trinken). On a dit d'abord Mannestringue, puis mannesingue. Minzinguin est un diminutif corrompu. -- « Quel est celui-là? -- Un ami, un vrai, un marchand de vin... -- Un mannezing? » -- G. Bourdin. -- « Le roi est un bon zigue qui protège les minzinguins. » -- Cabassol. -- V. Licher .
MAQUILLAGE : Le maquillage est une des nécessités de l'art du comédien;
il consiste à peindre son visage pour le faire jeune ou vieux, le plus
souvent jeune. -- « Dans certains théâtres on voit de jeunes aspirantes
qui se font des yeux jusqu'aux oreilles et des veines d'azur du corset
jusqu'aux tempes; ce ne sont pas des femmes, ce sont des pastels. Cette
première catégorie de grues s'appelle les maquillées. » -- Joachim
Duflot, Dict. des Coulisses.
Maquiller: Farder. -- Même origine que le mot suivant. On sait que les
maquignons maquillent à merveille un cheval pour lui donner une
meilleure apparence .
MAQUILLER : Agir, machiner. -- « C'est par trop longtemps boire; Il est,
vous le savez, heure de maquiller. » -- Grandval, 1723. -- Maquiller un
suage: Se charger d'un assassinat. -- Maquiller son truc: Faire sa
manoeuvre. -- Maquiller une cambriolle: Dévaliser une chambre. --
Maquiller les brèmes: Jouer aux cartes. V. Momir . Ce verbe paraît
venir du vieux mot maquillon: maquignon, qui vient lui-même de
maque. V. Roquefort et Fr. Michel. -- Maquignonner, c'est, en effet,
machiner n'importe quoi, pourvu qu'on y gagne.
MAR : Désinence arbitraire. -- « Quant au reste de la langue, on se bornait (en 1830) à retrancher la dernière consonnance pour y substituer la syllabe mar. On disait Épicemar pour épicier, Boulangemar pour boulanger, Cafemar pour café, et ainsi de suite. C'était de l'esprit dans ce temps-là. Il est vrai que nos pères ont tous ri à se tordre en mettant le mot turlurette la fin de chaque couplet de chanson. Que signifiait mar? Que voulait dire turlurette ? Absolument la même chose. Personne n'a jamais pu le savoir. » -- P. d'Anglemont. « Méfie- toi... Le jeune épicemar est très-fort au billard et au piquet. » -- Champfleury. V. Rama .
MARCANDIER : Marchand. -- On trouve dans Roquefort mercadier. V. Solir, Farre.
MARCHANDS D'HOMMES : Agent de remplacement militaire, négrier. -- « D'un
marchand d'hommes, je vois l'enseigne. » -- Léonard, Parodie, 1863. --
« Détestable anglais! ajouta le marchand d'homme. » -- L. Desnoyer.
Marchand de lacets: Gendarme -- Il offre aux malfaiteurs des lacets
(poucettes) que ceux-ci trouvent toujours trop chers. V. Hussard .
Marchand de soupe: Maître de pension qui spécule sur la nourriture de
ses élèves. -- « Style universitaire! Les marchands de soupe doivent
être bien fiers. » -- L. Reybaud.
MARCHER , MARCHER AU PAS : Être contraint à obéir. -- « Empereur Nicolas, Les Français et les Anglais te feront marcher au pas. » -- Layale, Ch., 1855.
MARCHEUSE : « La marcheuse est un rat d'une grande beauté que sa mère,
fausse ou vraie, a vendu le jour où elle n'a pu devenir ni premier, ni
deuxième, ni troisième sujet de la danse, et où elle a préféré l'état de
coryphée à tout autre, par la grande raison qu'après l'emploi de sa
jeunesse, elle n'en pouvait pas prendre d'autre. Pour qu'un rat devienne
marcheuse, c'est-à-dire figurante de la danse, il faut qu'elle ait eu
quelque attachement solide qui l'ait retenu à Paris, un homme riche
qu'elle n'aimait pas, un pauvre garçon qu'elle aimait trop. C'est un
débris de la fille d'Opéra du dix-huitième siècle. » -- Balzac.
Marcheuse: « Un simple bonnet la coiffe; sa robe est d'une couleur
foncée et un tablier blanc complète ce costume. Les fonctions de la
marcheuse sont d'appeler les passants à voix basse, de les engager à
monter dans la maison qu'elle représente, où, d'après ses annonces
banales, ils doivent trouver un choix exquis de jeunes personnes. » --
Béraud. -- « Enfin arrivent les marcheuses... Elles marchent pour les
filles demeurant en hôtel garni; celles-ci n'ont qu'une chaussure et un
jupon blanc Faut-il qu'elles exposent dans les boues leur unique
habillement, la marcheuse affrontera pour elles les chemins fangeux. »
-- 1783, Mercier.
MARGOT , GOTON : « Nom fort injurieux donné à une courtisane, à une femme de mauvaise vie. » -- 1808, Dhautel. -- « Nous le tenons. Nous savons où demeure sa margot. » -- E. Sue. -- On dit aussi sa jacqueline. (V. ce mot). -- Dans son Vieux Cordelier, Camille Desmoulins apostrophe ainsi Hébert: « Le banquier Kocke, chez qui toi et ta Jacqueline vous passez les beaux jours de l'été. »
MAROTTIER : Marchand ambulant.
MARRON : En flagrant délit de vol ou de crime. -- Du vieux mot
marronner: faire le métier de pirate, de corsaire. V. Roquefort. --
Marron serait en ce cas une abréviation du participe marronnant. --
Paumer marron, Servir marron: Prendre sur le fait. -- « J'ai été paumé
marron. » -- La Correctionnelle. -- V. Servir Estourbir .
MÂTIN , MÂTINE : Personne déterminée, brusque, peu commode. -- Terme emprunté à la race canine. «Kléber, un grand mâtin qu'a descendu la garde, assassiné par un Égyptien. » -- Balzac. -- « Ah! mâtine de Turquie. Remy, ch., 1854.
MÈCHE (Il y a mèche , il n'y a pas) : Il y a moyen il n'y a pas le plus
petit moyen d'aboutir. Le mot fait image. Quand on a la mèche, on a
bientôt fait de tirer la corde à soi. -- « En termes typographiques,
lorsque les ouvriers proposent leurs services au prote de l'imprimerie,
ils demandent s'il y a mèche, c'est-à-dire: si on peut les occuper. »
-- 1808, Dhautel. -- « Mais il te fera pincer. -- Pas si bête! il n'y a
pas mèche. » -- E. Sue.
Mèche: Moitié. -- À six plombes et mèche: À six heures et demie. V.
Momir. -- Être de mèche: Être de moitié (Vidocq).
MÉCHI : Malheur (id). -- Abrév. du vieux mot méchief. V. Roquefort.
MÉDAILLE : « La jolie voix! dit Schaunard en faisant chanter les pièces
d'or. -- Comme c'est joli, ces médailles! ajouta Rodolphe. » -- Murger.
Médaillon: Derrière (Vidocq). -- Allusion de rondeur.
MEG , MEC : Maître. V. Chique . -- Du vieux mot Mège: chef, souverain. V. Roquefort, au mot megedux. -- Mec des mec: Dieu. V. Rebâtir .
MÊME (Mettre a) : Tromper. V. Emblème . -- On dit aussi Faire au même, Refaire au même.
MÉNESSE : Femme, maîtresse (Dict. d'Argot, 1844).
MÉQUARD : Commandant. -- Méquer: Commander . -- De mec: maître.
MERCADET : Faiseur. V. ce mot.
MERDE . « Mot ignoble et grossier dont le bas peuple se sert dans un sens négatif. » -- Dhautel , Cambronne.--Merde> 1808. -- V. Cambronne . -- Merde : Homme mou, sans consistance. -- Merde alors! Exclamation destinée à peindre une situation critique, un accident funeste. Elle peut se traduire ainsi: Alors, voici le moment de crier merde.
MERLAN : « Sobriquet donné à un perruquier à cause de la poudre qui
couvre ordinairement ses habits. " -- Dhautel, 1808. -- La Peyronie est
chef de perruquiers qu'on appelle merlans parce qu'ils sont blancs. » --
Journal de Barbier, 1744.
Oeil de merlan frit: OEil pâmé. -- « Enfin cet homme de brelan A les
yeux faits comme un merlan. " -- Troisième Suite du Parlement burlesque
de Pontoise, 1652.
MÉTAL : Argent. -- « Et t'as pas de métal. » -- Ricard.
MÉTIER : Habileté d'exécution. « Vois toutes ces esquisses: il y a de la
main, du métier; mais où est la conception, où est l'idée? » -- L.
Reybaud.
Faire du métier: Écrire, peindre ou sculpter dans le seul but de
gagner de l'argent et non de la gloire.
METTRE AVEC (Se) : Vivre maritalement. -- « En se mettant avec Lise, le
général aurait dû nous dire: J'ai ça et ça à payer ; il ne l'a pas dit,
et ce n'est pas délicat. » -- Ricard.
Le mettre à quelqu'un: En faire accroire, tromper.
MEULARD : Veau (Vidocq). V. Pavillonner . -- Allusion au mugissement du veau.
MEZIÈRES : Bourgeois. -- Corruption du vieux mot Messires. V. Regout .
MÉZIGUE : Moi (Vidocq). V. Pavillonner .
MICHÉ : Homme payant l'amour d'une femme. -- Peut venir des vieux mots
michon: sot (V. Roquefort) ou michon: argent de poche (V. Dhautel).
-- « On appelle miché Quiconque va de nuit et se glisse en cachette Chez
des filles d'amour, Barbe, Rose ou Fanchonnette. » -- Mérard de Saint-
Just, 1764. -- Dans une Protestation des Filles de Paris, 1790, nous
lisons: « Ce pourfendeur de Mars avait bien affaire aussi de se
présenter pour nous enlever nos michés. » -- « La biche étudiante qui
avait levé un michet quelconque. » -- 1860, les Étudiants du Quartier
latin.
On disait aussi micheton: « All' me dit: Mon fiston, Étrenne ma
tirelire. Je lui réponds : Ma poule, tu m' prends pour un mich'ton. » --
Le Bâtonniste à la Halle, Aubert, 1813.
Outre le miché proprement dit, il y a le miché sérieux et le miché de
carton -- « 1/ Le michet sérieux équivaut à l'entreteneur... Dans
un lieu de plaisir où les femmes sont nombreuses, les jeunes gens se
disent souvent, comme un mot d'ordre: Messieurs, ne parlez pas à la
petite une telle, elle est ici avec son michet sérieux. Le même
individu se désigne aussi par ce mot: Ponteur. Ce dernier mot, pris
dans le vocabulaire des jeux, vient du verbe Ponter (V. Ponter ). -- 2/
Le michet de carton est un jeune homme bien élevé, qui fréquente les
femmes entretenues. Il ne va jamais coucher chez elles, sauf durant les
interrègnes des michets sérieux. En tout autre cas, sa maîtresse vient
chez lui. Il ne donne que des cadeau, paie à souper, à dîner dehors, à
déjeuner chez lui. Il conduit aux courses en voitures et au théâtre en
petites loges de baignoires Il ne sort point dans la rue avec les
femmes. Il les salue au bois d'un petit geste. » -- Cadol. -- Il y a
longtemps que le carton symbolise une apparence trompeuse. Saint-Simon
appelait déjà le duc du Maine un roi de carton, c'est-à-dire un roi de
cartes. V. Carton Mikel .
MIE DE PAIN : Vermine (Vidocq). -- Allusion à la démangeaison causée par une mie de pain égarée.
MIETTE (Une) : Un peu. -- « Minute! je me chauffe les pattes une miette. » -- Gavarni.
MILORD : On donne moins ce nom aux Anglais qu'à ceux dont les largesses
rappellent l'opulence britannique. Au moyen âge, milourt avait déjà le
même sens, avec une acception plus ironique encore. C'est, comme
Anglais, un fruit de nos anciennes guerres. -- « Ce sont milourdz qui
ne voulsissent point d'hostes avoir. » -- Cretin, Épitre à Charles
VIII. -- « Et je vous attise un beau feu au dessoubs et vous flambois
mon milourt comme on faict les harencs sorets à la cheminée. » --
Rabelais, Ch., 14. -- « Le gros tailleur se dit négociant. À sa
tournure il n'est pas milord russe. » -- Sénéchal, Ch., 1852. -- «
Être sur le boulevard de Gand, se donner un air milord. » -- Ed.
Lemoine.
Milord est souvent synonyme du miché sérieux décrit plus haut.
Exemple: -- « Le notaire est son milord. » -- Balzac.
Milord: Cabriolet à quatre roues. -- « On vote vingt-deux sous à
Clémence pour un cabriolet milord. » -- Méry.
MINCE : Papier à lettres (Vidocq). -- Allusion d'épaisseur.
MINETTE : Mot d'amitié. V. Chat . -- « Oui, minette, je me calme. » -- De Courcy.
MINOTAURE , RISÉ : « Quand une femme est inconséquente, le mari serait, selon moi, minotaurisé. » -- Balzac,
MINUIT : Nègre (Vidocq). -- Allusion à la couleur sombre de la nuit.
MINZINGUIN : « Le roi est un bon zigue qui protège les minzinguins. » -- Cabassol. -- V. Mannezingue .
MIOCHE , MION : Bambin. -- Mion est un mot de langue romane (V. Roquefort) dont mioche serait le diminutif. -- « C'est à moi que reviendra le droit d'être le parrain de tous les mioches. » -- Bourget. -- V. Dardant .
MIRADOU : Miroir (Vidocq). -- Mirauder voulait dire autrefois regarder.
MIRETTE : OEil (id). -- L'oeil est un petit miroir.
MIROBOLAMMENT : Merveilleusement. -- « A meubler mirobolamment sa maison.
» -- Balzac.
Mirobolant: Merveilleux; -- « La cravate mirobolante. » -- Ed.
Lemoine. -- « Je me sens d'une incapacité mirobolante. » -- Balzac.
MISÉRABLE : Petit verre. V. Monsieur .
MOLANCHE : Laine (Vidocq). -- Diminutif de molle.
MITRAILLE : Monnaie de cuivre. -- On disait autrefois mitaille. V. Roquefort.
MITRE : Cachot (Vidocq). -- Au moyen âge le mitre était le bourreau.
MOLLARD : Graillon, expectoration laborieuse. Du vieux mot moller: s'efforcer. V. Roquefort.
MÔME , MOMIGNARD , MOMAQUE : Petit enfant. -- Du vieux mot momme:
grimace. Les petits enfants en font beaucoup. -- On dit encore
momerie. En ce sens momaque et momignard sont les diminutifs dont
Le second seul est pris en bonne part. -- « Les rats dont nous voulons
parler sont des mômes. » -- Paillet. -- « Elle entre avec un enfant dans
un magasin et en faisant semblant de poser son momignard a terre. » --
Id.
Tire-môme, momière: Sage-femme.
Momir: Accoucher d'un môme. -- « Ma largue aboule de momir un
momignard d'altèque qu'on trimbalera à la chique à six plombes et mèche
pour que le ratichon maquille son truc de la morgane et de la lance. »
-- Vidocq.
MONACOS : « Honoré V, mort de dépit en 1841, de n'avoir pu faire passer pour deux sous en Europe ses monacos, qui ne valaient qu'un sou. » -- Villemot. -- V. Coller .
MONARQUE : Roi de cartes. -- « Ou si c'est un roi qu'elle relève, elle
s'écrie: Je pince le monarque. » -- M. Alhoy.
Monarque: Pièce de monnaie. -- Allusion à l'effigie royale. -- « Il va
nous donner quequ'vieux monarque pour y boire à la santé... » --
Gavarni.
MONOCLE : Lorgnon simple. -- « Adapte donc un monocle à l'arcade de ton oeil gauche! » -- Montépin.
MONSIEUR : Entreteneur. V. Amant de coeur . -- On ne peut pas parler à
mademoiselle. Et le mosieur... n'y est pas? » -- Gavarni. -- « En argot
de galanterie, le mot d'époux désigne l'entreteneur; mais il n'est pas
le seul. Suivant le degré de distinction d'une femme elle dit: Mon
époux, -- mon homme, -- Mon monsieur, -- mon vieux:, -- monsieur chose,
-- mon amant, -- monsieur, -- ou enfin monsieur un tel. -- -- Sauf dans
la haute aristocratie où l'on dit: Monsieur un tel, ce mot mon époux
est général, il se dit dans toutes les classes. » -- Cadol.
Faire le monsieur: Trancher du maître, du fashionable. -- « Sa
suffisance le fait haïr, il fait le monsieur. » -- Hilpert.
Monsieur: mesure de capacité -- « Il existe de plus une certaine eau-
de-vie dont le prix varie suivant la grandeur des petits verres. Voici
ce que nous lûmes sur une pancarte: Le monsieur, quatre sous; la
demoiselle, deux sous; le misérable, un sou. » -- G. de Nerval.
MONSTRE : Détestable, monstrueux, au figuré. V. Crapaud . -- « J'en ai
assez de vos monstres de concerts. » -- P. de Kock, 1845.
Monstre: Colossal. -- « Elle lui apporte un bouquet monstre. » -- M.
Alhoy.
Monstrico: Petit monstre. -- « Ce petit monstrico ! » -- Balzac.
MONT : Mont-de-Piété. -- Abréviation. -- « Elle tient comme qui dirait un petit mont bourgeois... elle prête sur gages et moins cher qu'au grand mont. » -- E. Sue. -- V. Tante .
MONTANT : Pantalon. -- Le mot a été fait pour les anciennes culottes qui montaient assez haut. -- V. Tirant .
MONTER LE COUP : Tromper. V. coup .
Monteur de coups: Faiseur. -- « Je serai le seul monteur de coups À
qui tu r'pass'ras en arrière Tes gros sous. » -- Festeau.
Monter sur la table: Avouer ses crimes et ceux de ses complices
(Vidocq). -- Il paraît y avoir une certaine relation d'origine entre
manger le morceau et monter sur la table.
Monter des couleurs: Mentir. -- « As-tu fini? Pour m'éprouver, tu veux
monter des couleurs, belle Zaïre, mais cela ne va pas. » -- Decourcelle,
1840.
MORASSE (Battre) : Crier à l'assassin. _ V. Battre .
MORDRE (Ne pas) : Être sans force, sans esprit ou sans talent. V. Méchant.
MORGANE : Sel (Vidocq). -- De morganer. V. Momir .
Morganer: Mordre (id.). -- Mot de langue romane. V. Roquefort
(Mordant).
MORFILLER : Faire, manger. -- Du mot de langue romane morfier: manger. V. Du Cange. -- Morfillante: assiette. -- « Calvi morfile sa dernière bouchée. » -- Balzac. -- V. Chêne Jaspiner .
MORICAUD : Broc (Vidocq). -- Allusion à la couleur noire que lui donne le vin.
MORNE : Mouton (Vidocq). -- Du vieux mot moraine: laine. V. Du Cange.
MOUCHAILLER , MOUCHARDER : Espionner, dénoncer. -- En 1455, les gueux ou
coquillards de Dijon disaient déjà mouschier à la marine, pour
dénoncer a la justice.
Mouchard, Mouche: Espion de police. -- On connaît l'indiscrétion des
mouches; elles se fourrent partout. -- Dans une brochure de circonstance
qui parut en 1625 (le Marchand arrivé sur les affaires du temps), on
enjoint aux cabaretiers de frauder les droits de perception en ayant du
vin chez leur voisin et n'allant le chercher que la nuit « pour n'estre
pas veuz des mouches de ce païs icy qui valent pire que des guespes
d'Orléans. » -- Dans ses Politiques, Vincent Cabot (Toulouse, 1636)
traite, en son chapitre II, « Des mouschards et escouteurs desquels
les princes et les républiques se servent pour sçavoir les nouveautés et
les entreprises. »
Moucharde: Lune. V. Cafarde . -- « Mais bientôt la patraque au clair
de la moucharde nous reluque de loin. » -- Vidocq.
MOUCHE : « Mouche, pour ceux qui ne comprendraient pas le langage
parisien, signifie mauvais. » -- Troubat. -- Un volume intitulé les
Mystères des théâtres, par un vieux comparse, publié en 1844, donne
mouche dans le même sens. V. Toc .
Faire mouche: Tirer assez juste pour que la balle s'applatisse sur un
point noir (mouche), au centre de ]a cible. -- « Elles font mouche à
tout coup et tuent les hirondelles au vol. » . Second.
Tuer les mouches au vol: Avoir une haleine infecte. -- Si vous aviez
le pouvoir de faire croire que la soubrette tue les mouches au vol, vous
seriez joué demain. » -- Balzac. -- V. Couper la gueule .
Non, c'est que je me mouche, que je tousse: Réponse ironique faite à
celui qui demande la cause d'un bruit ou d'une chose qu'il aurait dû
deviner;. Dans cet exemple de Monselet: « Et maintenant regarde Comment
je me mouche!» on fait aussi entendre à l'interlocuteur que sa
pénétration est en défaut.
Ne pas se moucher du pied: Agir grandement. -- Mot à mot: en personne
qui sait vivre et non comme le voyou qui se mouche dans ses doigts, pour
effacer avec le pied la trace de la déjection qu'il a rejetée a terre.
-- « Mais c'est des artistes... qui ne se mouchent pas du pied. » --
Désaugiers. -- « Ce petit vin colorié Ne se mouche pas du pié. » -- J.
Moineaux. -- « Quoi! ton amour contrefait déjà l'estropié. Crois-tu que
je sois femme à me moucher du pié. » -- Le Rapatriage, parade, dix-
huitième siècle.
Moucher: Boucher. V. Esbrouffer. -- Moucher: Corriger, remettre les
gens à leur place. Mot à mot: éteindre leur insolence. -- Moucher:
Tuer, c'est-à-dire éteindre la flamme de la vie. -- « Aussi ne se
passait-il guère d'heures qu'il n'y eût quelqu'un de mouché. » -- Mém.
de Sully, seizième siècle. -- « Je l'enfile par un coup droit. Encore
un de mouché. » -- Randon. -- Du vieux mot muchier_: cacher, couvrir.
V. Roquefort.
MOUCHERON : Enfant. -- « La portière et son moucheron. » -- Léonard, parodie, 1863.
MOUCHETTES (Des) : Non. -- « Tu m'as volé! tu vas rendre! -- Des mouchettes. » -- Léonard, id.
MOUSSE : Excrément. -- On s'injurie fréquemment dans le peuple par ces
mots: Vent et mousse pour toi!
Mouscailler: Aller à la garde-robe (Vidocq). -- De mousse.
Faire mousser: Louer immodérément. -- « Celui-ci commande de longs
articles dans lesquels il faut faire mousser les modistes en dix lignes.
» -- Roqueplan. » -- Mousser: Écumer de rage. -- « Ne moussez donc pas
comme ça. » -- Labiche. -- Mousseux: Faisant de l'effet redondant. --
« J'estime et j'honore celui qui est un peu mousseux dans sa façon de
parler. » -- La Bédollière.
MOUTON : « En prison, le mouton est un mouchard qui parait être sous le poids d'une méchante affaire et dont l'habileté consiste à se faire prendre pour un ami. » -- Balzac. -- Allusion ironique à la fausse candeur de ces compères. -- Moutonner: Dénoncer. V. Coqueur .
MUETTE : Conscience (Vidocq). -- Mot inventé pour les hommes qui n'ont
pas de conscience.
Muette: Exercice dans lequel, par espièglerie ou par antipathie pour
un chef, les élèves de Saint-Cyr ne font pas résonner leurs fusils. -- «
Lorsque vient le tour de commandement d'un gradé ou d'un chef détesté,
on convient de lui donner une muette. » -- De la Barre.
MUFLE , MUFFE , FETON : Homme mal élevé, grossier. -- Allusion au mufle d'un animal. -- « Eh! dis donc, la belle blonde, tu vas quitter ces deux muffles et t'en venir avec moi. » -- E. Sue. -- « Vois-tu, muffeton? lui disait la dame. » -- G. de Nerval. -- V. Balancer .
MUSICIEN : Dénonciateur. -- Allusion au bruit de la musique. V.
Coqueur.
Musiciens: Haricots. -- Allusion au bruit des vents qu'ils forment
dans les entrailles.
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